L’habitat partagé : quel avenir ?

Débat à partir du témoignage de Vincent FAVREAU (du Mas Reynes)

 

Appel au débat :

arbreNombreux sont les projets actuels tous basés sur la meilleure façon de vivre ensemble mais conjugués de façons très variées : groupe restreint d’amis ou un grand nombre, lots semblables ou différents, propriétaires ou locataires, importance des parties communes, statuts…
Quel avenir pour cette nouvelle façon de vivre ? Quels en sont les avantages et les difficultés ?
Nous vous invitons à venir rencontrer les habitants du Mas Reynes qui ont accepté de nous partager leur expérience de « vieillir ensemble, chacun chez soi mais avec des projets communs ». Un témoignage parmi d’autres pour lancer le débat.




Le débat (18 12 2018 à la brasserie du Dôme) :

Témoignage

Philippe Vinard, empêché, a été remplacé par Vincent Favreau.
Vincent Favreau (VF) est médecin gynécologue à la retraite. Il a vécu sa vie professionnelle essentiellement à l’étranger, dans des pays en voie de développement (Médecins sans frontières) d’où il a rapporté une collection d’objets relatifs à la fécondité. A la retraite depuis 2011, il a choisi de s’installer à Montpellier et, avec sa femme, infirmière, ils ont choisi un projet d’habitat partagé.
Ce vocable « habitat partagé » recouvre une grande diversité de réalisations mais ont en commun un certain nombre de « valeurs »: respect de la vie privée, partage, tolérance, éco-responsabilité, mutualisation des tâches, auxquelles on peut ajouter : mixité sociale, diversité intergénérationnelle, durabilité… Ce concept est novateur.
La Mas Reynes est un « hameau urbain » dans le quartier Hôpitaux –Facultés sur un site de un hectare, boisé protégé (Pins maritimes classés). Il comporte neuf logements en cinq corps de bâtiments. Il compte quatre propriétaires et cinq locataires. On y compte quinze à vingt habitants permanents. La population est intergénérationnelle : des « vieux : environ 70 ans », de plus jeunes et même un enfant né sur le site. Il y a parité hommes –femmes et variété des « états de vie » : célibataires, couples, couples du même sexe…. Mais tous animés par un projet commun : « Vivre et vieillir ensemble, chacun chez soi avec des projets communs ».
Historiquement les membres « fondateurs » se sont connus dans les années 1990, à l’étranger (Asie), ils ont sympathisé. Vers l’an 2000 ils se sont revus et ont recherché quelque chose de solidaire pour un habitat et ensemble ont cherché un endroit idéal, proche de la ville et assez vaste pour avoir chacun sa maison, avec possibilité de faire du jardinage ou de l’agriculture, facile d’accès : si possible avec proximité des transports en commun. Philippe Viard habitait Montpellier : il a été chargé « d’ouvrir les yeux »  pour prospecter l’endroit idoine. En 2008, il a trouvé l’endroit idéal : le Mas Reynes, un domaine de la famille Masson, alors occupé par « la fraternité blanche universelle ». La propriété a été achetée en un seul lot, puis a été partagée en quatre lots, et un endroit constructible où maintenant il y a cinq bâtiments. Chacun gère son lot, son bâtiment, son terrain. Il y a aussi des PUC : parties à usage commun : chacun met à la disposition des autres, une partie de son lot pour des activités communes par exemple un studio au sommet de la maison capable d’accueillir six à sept personnes où d’autres peuvent venir loger ponctuellement – salle de réunion – théâtre. Dès le début, on a fait beaucoup de travaux car le mas, à l’origine avait une fonction viticole avec des annexes comme des écuries…. Des travaux ont été menés pour viabiliser l’endroit dans un esprit écologique : pompes à chaleur, chauffage au bois. Le fioul et le gaz ont été bannis.
On a construit des projets culturels, pour s’intégrer à Montpellier : on a organisé une salle de spectacle et on l’a équipée et offert à des artistes qui peuvent s’y produire : concerts, chorale, danse, théâtre, animations pour enfants. La salle est mise à la disposition des artistes gratuitement, sauf, en hiver, où une contribution est demandée pour le chauffage.
Pour les spectateurs, il n’y a pas de droit d’entrée : on dispose un chapeau pour les oboles….
Un pot de l’amitié conclut chaque spectacle.
Il n’y a aucune difficulté à trouver des gens qui veulent se produire. L’un de nous est responsable de cette activité.

    Terrain de sport : volley, badminton, pétanque, agrès dans le jardin
    Entretien et utilisation des jardins :
Trois potagers : semer, récolter, partager.
Des poules et des lapins
Des abeilles : il faut gérer les ruches.
Elagage des arbres, débroussaillage.
On répertorie les oiseaux pour la LPO : ligue pour la protection des oiseaux.
On connaît moins bien les rongeurs et autres écureuils…

    Accueil des migrants (avec ou sans papiers) en lien avec « Welcome »  on les met à contribution en leur demandant de cuisiner selon leurs coutumes.

Quelle est notre gouvernance ? : Il n’y a pas de chef. On se réunit une fois par mois : réunion obligatoire. Pour fixer les dates des événements culturels. On cherche à vivre mieux ensemble : convivialité et critères de recrutement des locataires : on recherche la diversité, la mixité et l’aptitude à la vie partagée.
Chaque réunion et un ordre du jour et l’on rédige un compte rendu.

Quel avenir pour notre projet ? : on n’a pas tout prévu mais on joue le jeu de maintenant. Chacun vieillit mais on le tolère « on vit avec ».
Nos enfants sont prévenus et devront, éventuellement, prendre des décisions : il y a un pacte de préférence si l’on devait vendre, avec droit de préemption.

Nous tenons à une convivialité avec l’extérieur et maintenons une ouverture sur le quartier.

Le mas Reynes n’est qu’un exemple : beaucoup d’autres types d’habitat partagé en France ou à l’étranger. Ici nous avons fondé un projet sur une amitié très ancienne qui fait que tout marche bien.

Discussion

1)    a assisté à des spectacles : l’ambiance est très sympa
VF : chacun a des listes de connaissances auprès desquels il fait de la publicité. Nous ne demandons pas de pub ni à Midi Libre ni à La Gazette

2)    Quels points communs entre vous au départ ?
VF : tous venaient de l’étranger, avaient fait de l’humanitaire et avaient des convictions communes : solidarité, écologie, éviter le gaspillage.
Nous avions l’objectif de nous intégrer à Montpellier : il est atteint. A chaque spectacle nous avons environ 100 spectateurs et 2000 personnes gravitent autour.

3)    Vous réclamez-vous de racines chrétiennes ? : VF : on ne s’en réclame pas.

4)    Quels sont les gens qui fréquentent les spectacles ?
VF : c’est très ouvert.

VF : pour la gestion du locatif : chaque propriétaire gère son appartement. Il y a intervention du groupe seulement pour le choix des locataires.
Pas de bourse commune : chacun paie pour son lot.

5)    Cet habitat partagé, est-ce une invention de votre groupe ou avez-vous trouvé ce modèle ailleurs ?
VF : nous avons inventé ce système, la clé de notre réussite réside dans le fait d’une amitié très ancienne et le partage de valeurs communes.
Nous sommes régis par une charte qui est en révision en permanence. Mais elle n’est pas déposée chez un notaire. On pourrait formaliser ce système.

6)    Une amitié ancienne, partage de valeurs communes, pas d’intervention de l’argent : vous avez réussi.

7)     Je vis également une expérience d’habitat participatif : MASCOBADO, près de la clinique Saint Roch.  Logements répartis dans deux bâtiments plus un jardin en trois parcelles. Il y a mixité d’âge : de 5 à 80 ans – des femmes seules et des couples avec des enfants. Mixité écolo également. Il n’y a pas eu de promoteur mais pour arriver au bout du projet on a eu recours à un maître d’ouvrage.
5 locataires (bailleur social) 9 accessions à la propriété aidée PSLA (Prêt Social de Location Accession) avec une TVA à 5,5 % (au lieu de 20 %), exempté de taxes foncières.
Il y a une salle commune (45 m2), une terrasse commune et une buanderie commune avec des machines. Il n’y a pas de syndic mais un conseil syndical de 7 à 9 membres. Les charges communes  sont partagées aux tantièmes. Pour les consommations il y a des compteurs individuels. Il n’y a pas de personnel de ménage : les occupants font le ménage à tour de rôle.
Nous cotisons à une association pour 20€ par mois. Il n’y a pas de problème avec l’argent.
Il y une grande mixité sociale : nous ne sommes pas de mêmes niveaux culturels. Pas de leader mais un lien de vivre ensemble : « Ensemble, j’habite autrement »
C’est une expérience d’accession à l’habitat moins cher et non spéculatif.
Plusieurs associations  sur le même principe : « Toit de choix » «  Ecohabitons » solidarité Entr’aide Ecologie.
Au Café du Dôme ont lieu les 1° et 3° jeudis du mois à 18h  des réunions sur l’habitat participatif.
Ce système correspond à une demande de lien social qui recoupe la demande des gilets jaunes.
VF : tout ceci est appelé à se développer

8)    A Sète 2000 demandes de logements HLM ne sont pas honorées. On relève un manque de fluidité des habitants des HLM. Habitat et Humanisme a ses entrées dans les HLM.

C R du Témoignage :






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