Quelle école pour quelle société ?
Débat à partir des témoignages de Catherine SELIMANOVSKI
(Maître de conférences IUFM) et de Bénédicte VOISIN (Réseau Ecole Wresinski)
Appel au débat :
Le débat (19 10 2011 à la brasserie du Dôme) :
C R du
Témoignage :
28 participants
Catherine SELIMANOVSKI
(Maître de conférence IUFM) enseignante en géographie, a fait un
travail de recherche, sans implication militante. Elle a publié ses
recherches : "La frontière de la pauvreté" et, avec des étudiants en
master a élaboré une unité d'approfondissement : "Ecole et pauvreté".
Il
ne faut pas traiter l'école et la pauvreté à partir de publics à
besoins spécifiques. Il ne faut pas mettre dans les mêmes catégories
des enfants venus d'ailleurs et des handicapés.
Au cours de ce travail, rencontre avec des enseignants, dont Bénédicte VOISIN. .
Dans
ce problème, la question sociale est essentielle mais il faut
déconstruire les mots courants : fracture sociale, poches de pauvreté,
exclusion. On pense souvent que tout s'explique par les choses
elles-mêmes. La pauvreté n'est pas pathologique, c'est un concept de
frontière. Il s'agit de déchiffrer entre les positions de dominés dans
la société et dominés dans l'espace.
Il y a plusieurs façons de
définir la pauvreté : définition sociale mais aussi problème de
frontière. On note une grande diversité de situations.
La pauvreté est un fait divers et un fait d'hiver
On
a fixé des seuils de pauvreté. Dès 1907 Georg SIMMEL a posé une
définition sociale de la pauvreté et constate que l'individu pauvre
n'est pas exclu de la société mais y est lié par un lien d'assistance
ou d'aide. Le fait d'être reconnu pauvre par la société entraîne une
aide mais crée une situation de dépendance, avec une diminution
d'autonomie sociale. On passe une frontière qui protège mais qui
enferme et disqualifie.
Ces travaux ont été repris récemment par Serge PAUGAM.
Quelles sont les caractéristiques des populations en situation de pauvreté ? :
Un
travail a été fait sur des personnes qui ont fait une demande au
fonds d'urgence sociale en 1998, avant la loi de lutte contre
l'exclusion sociale. Etude menée dans le Bas Rhin.
Données
démographiques : 2/3 sont des personnes isolées : personnes seules,
familles monoparentales, ou familles très nombreuses.
Ces personnes ont des difficultés de travail. De mauvaises conditions de logement. Des difficultés de santé.
Parmi
ces populations plusieurs profils : travailleurs pauvres : 11%-
familles modestes : 40%- dans l'enquête du Bas Rhin tsiganes 7% -
Familles nombreuses immigrées : 14% - familles monoparentales 11%. 10%
sont des familles sans revenus qui demandaient une aide pour acquitter
des impayés (électricité….) .
Les sommes en jeu étaient
généralement faibles : de l'ordre de 200à 250 €.. On a enregistré
800000 demandes alors qu'il y avait un million de RMIstes.
Eléments
"frontière" : dans les quartiers où très peu de ménages sont en
situation de pauvreté, il y "euphémisation" de ces situations : on les
masque par le chômage. De même dans le rural c'est par le handicap car
ces situations sont plus acceptables. Et pour les 10% de SDF la
compassion fait oublier la diversité des situations..
Dans les
quartiers où la pauvreté est forte, il y a des problèmes d'ethnicité :
on cristallise sur l'immigration et on oublie la pauvreté (dans ces cas
le chômage touche 40% de la population alors qu'il est de 10% dans
l'ensemble du pays)
L'enquête montre une relation forte
entre pauvreté et niveau d'études des personnes : 28 personnes sur 31
avaient quitté l'école vers 14-16 ans (3 avaient des diplômes
supérieurs mais étaient réfugiés politiques). 4 personnes étaient
illettrées et en exprimaient une grande souffrance.
En
2004 est paru un rapport "Les enfants pauvres en France" publié
par le Conseil "Emploi Revenu Cohésion sociale" Son chapitre 5
s'intitule : "La pauvreté, l'école, devenir scolaire"
On
définit un enfant pauvre comme celui qui vit dans une famille ayant un
revenu inférieur au seuil de pauvreté. Selon qu'on évalue ce seuil à
60% du revenu médian français, ils sont 2,3 millions. Si le seuil est
de 50%, le chiffre tombe à 1 million.
On constate que ces enfants sont plus touchés par les accidents scolaires :
Le retard en 6° est de 44% alors qu'en général il se situe à 23%
Le retard en 3° est de 56% contre 34% en général
Il y a donc une sur-représentation des enfants pauvres dans les accidents scolaires. On peut trouver différentes explications :
La distance physique à l'école : Dans la campagne
profonde inégalité d'accès à l'école ainsi que dans les quartiers
sensibles
La distance
sociale : les accidents scolaires frappent 55% des enfants dont les
parents n'ont pas de diplôme alors qu'ils ne sont que 10% quand leurs
parents ont des diplômes. Il y a également une relation étroite avec
les diplômes de la mère plus que celui du père. Joue également le fait
d'avoir soi-même subi un échec scolaire. (Article d'Eric MAURIN INSEE)
Pour les parents des facteurs jouent : La honte d'être en situation de pauvreté
Ils sont moins
bien informés
Pour les
enfants on note le poids des conditions de vie : le logement est
déterminant dans l'échec scolaire : le retard en 3° augmente quand
l'enfant ne dispose pas d'un endroit à lui. Le nombre d'enfants par
chambre est parallèle à la situation d'échec scolaire..
Il y a aussi le poids de la situation familiale : ces enfants sont adultes avant l'âge.
Il y a enfin les inégalités de traitement :
L'école est faussement gratuite
Il y a la question du suivi de l'enseignement
Les classes de relégation
Les établissements de relégation.
Il faut aller au-delà de l'"invisibilisation" de la pauvreté
Se poser la question du travail et pour qui ?
Quelle école et pour quoi ?
Comment faire une école qui intègre ?
Bénédicte VOISIN,
professeur des écoles, dans une école publique de Montpellier, au
recrutement très hétérogène, où se vit une mixité sociale car se
côtoient des familles privilégiées et des familles très pauvres.
Elle participe à la formation des jeunes enseignants.
Militante
d'ATD Quart Monde, elle appartient au réseau école de Montpellier. Ce
réseau, comme les autres réseaux WRESINSKY (santé, logement, travail)
mettent en lien des personnes (professionnels, militants associatifs ou
élus etc….) membres d'ATD Quart Monde ou non, qui, dans leur domaine
d'activité, ont le souci d'atteindre et d'associer les plus pauvres.
A
Montpellier, notre réseau école est constitué de personnels de
l'Education nationale et de militants associatifs. Notre préoccupation
commune est que l'école permette à tous les enfants, quelles que soient
leur origine sociale et leurs conditions de vie, de réussir à l'école.
La question qui se pose est :
Comment faire pour associer les plus pauvres à notre action ?
Pour commencer, des témoignages :
1 - Je pense à Fati qui a des difficultés d'apprentissage. Plus de maître spécialisé dans l'école depuis 2 ans...
Je
demande donc aux parents d'aller voir un orthophoniste dans le privé.
Mais pas question de demander un suivi chez un psychomotricien... Ce
n'est pas remboursé par la sécu 1
2- Je pense à Daniel, cet
enfant Rom, qui vient d'arriver dans notre école. Il n'a jamais été
scolarisé auparavant et découvre l'école, dans notre classe de CEl-CE2
: la langue française, la tenue du stylo, le graphisme, les jeux
éducatifs, les activités sportives.... Impossible pour moi de l'aider
comme je le souhaiterais tout en continuant à m'occuper du double
niveau et de tous ses élèves. Les enfants sont donc associés à son
accueil et à ses apprentissages. C'est avec plaisir, avec beaucoup de
gentillesse et de patience, qu'à tour de rôle ils l'accompagnent dans
la découverte de divers jeux. Ils sont fiers d'y être associés « Ca y
est maîtresse, il se débrouille bien maintenant, tu sais. »
Ou«
Il a progressé, tu sais "Et quand je leur rappelle qu'ils ont eux aussi
appris par ce type de jeux à compter ou à connaître des mots, ils
s'étonnent. «Ah ! bon, je ne m'en souviens pas. »
Si la mise en
place de ce tutorat permet à Daniel de se sentir accueilli et de
progresser, il permet aux autres élèves de comprendre ce que signifie
apprendre à l'école. Il permet aussi à tous les enfants de la classe de
vivre une situation d'amitié et d'entraide. Ils vont à toutes les
récréations le solliciter pour qu'il joue avec eux, l'invitent à leur
table à la cantine.
3- Je pense à Mme Durand, cette mère
d'élèves que j'ai reçue un jour dans mon bureau au collège. Elle était
bouleversée, fâchée, vexée, peinée....
Une enseignante venait
juste de lui dire, que son petit dernier était bien mal élevé parce
qu'il s'agitait en attendant que je les reçoive.
Je m'en
souviens d'autant mieux que, quelques jours plus tard, c'était la
journée du mal logement, et que, à 7h30, sur France Inter, j'ai entendu
la voix de cette dame, qui expliquait que sa famille vivait à 6 dans à
peine plus de 20m2, que c'était bien compliqué pour les plus grandes de
faire leur travail scolaire, pour le petit d'avoir son temps de
sommeil.. L'enseignante qui était intervenue était complètement à côté:
ce petit, plutôt qu'un problème d'éducation, il avait un problème de
logement, et ce matin-là, dans mon grand appartement, c'est moi qui
étais bouleversée, fâchée, vexée, peinée....
4- Je pense à M
Martin, ce père qui venait inscrire sa fille en petite section. Il
semblait mal à l'aise. Il a fini par me dire... «Ça me fait drôle parce
qu'avant, quand je venais dans le bureau du directeur c'était toujours
pour me faire engueuler! »
5- Je pense à Mme Boujila à qui je
proposais de se présenter aux élections de parents délégués et qui m'a
dit : "Ah, non, c'est pas possible!"
Quand je lui ai demandé les raisons de son refus, elle m'a répondu: "Je ne sais pas lire et écrire."
Devant
mon insistance et après lui avoir expliqué ce que voulait dire être
parent délégué, qu'elle aussi était porteuse d'idées, qu'elle ne serait
pas seule mais dans une équipe, elle accepta de se présenter.
Des
parents qui ne s'intéressent pas? Des parents qui ne s'investissent
pas? Ou des parents qui tout simplement n'osent pas ou ne se donnent
pas le droit de ... ? Le droit de se présenter aux élections de parents
délégués par exemple:
Cette année, deux personnes de
notre réseau ont eu la chance de participer à une recherche d'ATD sur
l'école et la réussite scolaire qui réunissait des parents du
quart-monde et des enseignants. Cette recherche permet de mieux
comprendre les situations comme celles que nous venons de vous
présenter. Elle a abouti à une synthèse, issue d'un travail d'écriture
commun entre les parents du Quart-monde et les enseignants.
En voici un court extrait :
En
étudiant différents exemples, nous avons constaté qu'un des premiers
obstacles, c'est les étiquettes et les préjugés qui existent entre tous
les acteurs: enseignants, parents et enfants. Les uns et les autres
n'arrêtent pas de s'imaginer des choses fausses. Par exemple, beaucoup
de professeurs s'imaginent que les parents« s'en foutent» lorsqu'ils ne
viennent jamais à l'école, alors que leur enfant a des problèmes. Ils
pensent que les parents ne vont pas comprendre, ne vont pas être
d'accord... De même, des parents s'imaginent que le professeur s'en
fout, qu'il n'a pas envie de les voir, qu'il est trop occupé, que s'ils
viennent, ils vont déranger, que le professeur ne comprendra pas... Au
lieu de se dire les choses, chacun se fait des films, se raconte des
histoires... Si c'était juste au début de l'année, ce ne serait pas
trop grave mais quand on s'imagine des trucs pendant un an, pendant des
années... au lieu de se parler, tout le monde devient fou!
Le WE
du 11 novembre, ATD organise les ateliers de l'école. Les diverses
propositions faites permettront d'écrire une charte définissant les
moyens nécessaires pour la réussite de tous à l'école, principalement
les plus exclus. Elle sera proposée aux candidats à la présidentielle
et au ministère de l'éducation nationale.
Le débat :
Y-a-t-il beaucoup d'écoles où l'on constate une mixité sociale ?
Cette
question est difficile. Il y a des inégalités sociales, spatiales,
scolaires. Dans la ville, l'école reflète le séparatisme spatial. La
carte scolaire reflète la non-mixité sociale. . la non-mixité se
trouve dans les quartiers pauvres et les quartiers privilégiés. Les
écoles les plus mixtes sont celles des centres ville. Il y a des
dérogations pour la carte scolaire et si cela ne fonctionne pas, on
contourne par le choix de la langue étrangère.
Mais il y a mixité
statistique et mixité réelle : selon la façon dont on répartit les
langues dans toutes les classes de même niveau ou on les regroupe dans
une seule.. Cela relève du chef d'établissement.
Dans
l'exemple que vous donniez du petit roumain, pris en charge par des
camarades de classe, cette solidarité entre enfants est
extraordinaire : ce tutorat existe-t-il ailleurs ?
Beaucoup
de choses sont faites mais on ne les connaît pas.Certains enseignants
ne voient pas comment faire et sont désemparés. Il faudrait avoir des
choses prévues. Notre métier est un métier très solitaire, sans prise
de recul. Malgré les longues vacances, ce métier n'est pas facile et
nombreux enseignants sont fatigués. Mais de nombreux maîtres désirent
accueillir au mieux les enfants.
Existe t il des forums d'échanges d'expérience ?
Les
liens sont informels, associatifs, syndicaux. Ce sont des relations
extra école. On a crée récemment un "cercle d'études académiques"
(Martine LIZAMBERT) pour communiquer sur les pratiques des enseignants,
Il est loin du "terrain" Cette institution est toute nouvelle, soutenue
par le rectorat et l'institution et pour tous les niveaux
d'enseignement. Espérons que ça tiendra plus d'un an !
Quelle école, pour quelle société ?
Tel était le titre du débat et l'on a parlé de pauvreté.
Dans
l'école actuelle, on a des pauvres mais on rencontre beaucoup de
handicaps. , Jusqu'à six dans une même classe. Le milieu social n'a
rien à voir avec le handicap : autistes, dyslexiques,
dysorthographiques, dyscalculiques….
On fonctionne avec plusieurs
niveaux mais l'enseignant se retrouve très seul : on s'occupe tellement
du handicapé qu'on délaisse les "normaux" en les faisant travailler en
autonomie. Ils ne progressent pas aussi vite que l'on le désirerait.
Par
ailleurs comment conseiller aux parents de faire soigner leur enfant
quand les séances d'orthophonie sont remboursées mais celles de
psychomotricité, non.
Les parents aisés d'enfants "dys" sont mieux
informés et surtout ils peuvent assumer la rééducation de leur enfant
même si elle n'est pas remboursée par la sécu. La pauvreté aggrave les
situations. Mais on constate parfois un déni du handicap dans les
milieux aisés
Le café débat est en lien avec le 17 octobre : journée du refus de la misère.
La pauvreté va à l'encontre de l'idéal de la démocratie. Quel type de société veut-on promouvoir ?
Comment agir avec les gens les plus faibles, les handicapés, qui trouvaient leur place autrefois dans la société ?
La
question est : comment faire réussir les plus faibles ? Si on est
capable d'y répondre, on a toutes chances de toucher tout le monde.
Mais pour cela il faut avoir des lieux de recul, de réflexion en commun.
Quelles difficultés rencontre-t-on dans la relation aux parents ?
A
la Paillade, dans une école maternelle à côté du collège des garrigues,
nous avons organisé des animations lecture une fois par mois.L'enfant
est accompagné par ses parents qui sont les premiers éducateurs. Dans
cette école il y a mixité sociale : c'est important pour les parents de
se rencontrer à l'école, leur meilleure connaissance mutuelle rejaillit
sur tous.
Dans les milieux défavorisés les parents sont souvent plus ouverts, plus attentifs
Puis
on a proposé des ateliers d'écriture : quelques mamans ont déjà écrit
des textes d'où il ressort un besoin de respect et de dignité, un grand
désir de réussite pour les enfants
Une grande envie de savoir anime ces mères, en plus d'une expérience parents-enfants autour du livre. Et l'école a besoin d'eux.
Même
des parents très éloignés de l'école sont capables de dire à l'issue
d'un atelier : "ça détend, ça fait du bien " Un père, à l'issue d'un
atelier de lecture, a dit : "moi, les livres je n'aime pas mais là
c'était bien.
Et à la fin de l'année on constate que tous les parents ont participé au moins une fois.
Quelle école pour quelle société ?
Tout
ce qui se dit ce soir, c'est bien. Mais il faut dénoncer la disparition
des établissements spécialisés (les RASED Réseaux d'Aides Spécialisées
aux Elèves en Difficulté)).
Dans une société de plus en plus
inégalitaire, de plus en plus les gens se tournent vers le privé ce qui
appauvrit l'enseignement public.
Nous nous battons pour un enseignement public de qualité, pour tous, ces principes sont en action tous les jours. Il faut que les enfants favorisés restent dans le public car ils ont à apprendre aux autres et des autres.
Quelqu'un souligne que des enfants en difficulté, cela existe aussi dans l'enseignement privé.
Ce que vous faites, est-ce fait partout ?
Non
mais notre idée est de toucher tout le monde. Un gros problème est
celui de la formation des enseignants : autrefois elle était
insuffisante mais elle existait : il faut institutionnaliser une
formation permanente, lancer le cercle d'études académiques.
Une
enseignante ajoute : "je crois que j'ai la chance d'être née dans une
famille populaire. Quand on n'a pas vécu soi-même les difficultés, on
ne peut pas comprendre
Depuis quarante ans, il y a changement dans les rapports école – société : le nombre des enseignants d'origine populaire diminue.
Il y a aussi la solitude des enseignants, alors que l'importance de la rencontre entre enseignants, parents est fondamentale.
Dans
le passé il y a eu un apport important avec" l'école nouvelle" et le
mouvement FRENEIT: quelles relations y a t il actuellement ?
L'apport militant doit jeter des ponts avec la cité, les syndicats, les municipalités.
A
Montpellier, il y a actuellement une volonté politique de réussite
scolaire (un adjoint au maire en a la charge) : quelles relations avec
le terrain ?
Il faut établir des liens entre les mouvements syndicaux, politiques, pédagogiques.
Au
sein des réseaux nous avons plusieurs casquettes (GFEN, FREINET,
syndicat….) : en rassemblant tous ces mouvements, on aura plus de poids.
Nous
ferons en novembre une plate-forme de réflexion sur tout ce qui fait
question pour l'école. Elle établira un texte que l'on enverra au
ministère.
On publie une directive sur la réussite éducative
mais parallèlement la dotation pour la bibliothèque diminue et la salle
de cinéma Louis Feuillade ouverte sur le quartier avec des animations
gratuites pour les scolaires disparaît au profit de la salle Nestor
BURMA à Celleneuve, qui est payante.
D'accord avec l'engagement militant,
mais quand les inégalités augmentent, il est essentiel, pour maintenir
la mixité sociale, de faire une démarche vis à vis des meilleurs pour
les maintenir dans le service public.
Les parents favorisés ont
peur que si l'on s'occupe des plus faibles, on délaisse les leurs
et ils les mettront dans le privé. Avec un groupe de travail sur la
coopération en classe, on veut une école pour tous. Et non une école pour les pauvres.
Pourquoi n'envisager que la réussite individuelle ?
Il faut envisager la société dans sa globalité. , si on envisage le groupe, on fait avancer tout le monde.
Qu'est-ce que la réussite ?
C'est la capacité de vivre ensemble.
Réussir dans la société : que chacun arrive à trouver une place où il se trouve bien.
Une maman du quart monde disait récemment :
"Nous,
les parents, quand on pense à à l'école et à la réussite, on pense à ce
que l'on a vécu. Les maîtres pensent au présent, à ce qui se passe dans
leur classe. Les gens aisés pensent à l'avenir de leurs enfants".
Ayant œuvré longtemps dans l'éducation populaire, j'en suis venu à la conviction que :
"La mission de l'école est l'accès à la culture.
Avec
le développement du chômage, la pression est forte sur l'école qui est
incapable de fournir du travail. Le fondamental de l'école est d'ouvrir
à la culture.. il y a des gisements d'emplois à inventer.
Actuellement,
en matière de réussite scolaire, on aurait intérêt à faire de nouveau
référence à des textes anciens, datant de la Libération (rapport
LANGEVIN WALLON 15 mars 1944)) qui soulignaient le rôle de l'école :
former le travailleur, le citoyen, l'homme cultivé.
Le rôle de l'enseignant s'est considérablement élargi
: il y a vingt ans, on s'intéressait au contenu, maintenant on souligne
le rôle social ; il doit y avoir prise en charge de l'éducation sociale
des enfants, rôle social au détriment de l'acquisition des
connaissances et de la culture ; en faisant le maximum, on n'y arrive
pas.
Et l'on en revient au problème politique du nombre des personnes qui encadrent les enfants.
Ethernaute : Vos reflexions nous
intéressent. Envoyez un
courriel à l'adresse suivante : aucafedelavie@free.fr.
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