« La misère est l’œuvre des hommes, seuls les hommes peuvent la détruire » (Joseph Wrésinski fondateur d’ATD Quart Monde en 1957).
Notre société s’efforce d’organiser le traitement de la pauvreté. Notre objectif ne doit pas être d’aider les pauvres à supporter leur situation, mais bien de les accompagner dans leur projet de se construire une vie digne.
Agir contre la misère, c’est d’abord changer son regard, être convaincu que le pauvre comme le riche font partie de la même humanité, et que l’atteinte à la dignité de certains rejaillit sur l’ensemble des humains. C’est donc prendre sa part de responsabilité, et regarder où et comment on peut l’exercer, dans sa vie de tous les jours, en tant que citoyen.
C’est aussi reconnaître aux plus pauvres la capacité de participer à l’élaboration des solutions, et prendre conscience que cette participation est indispensable.
Une société qui se fixerait comme objectif de placer le plus fragile de ses membres au centre de ses préoccupations construirait un avenir de paix durable.
ils savent construire un avenir pour eux-mêmes et la société.La misère est une injustice et il est indigne pour
la société de l’accepter. Elle affecte la dignité de l’homme, lui ôte la
liberté. S’ajoute : le manque de logement, de nourriture, de travail. La
misère enlève ce qui fait la qualité de l’être humain. L’important, c’est le
regard qui se porte sur la personne dans la misère. Valeur fondamentale :
Egale dignité.
Rappelons la Déclaration
universelle … :
Considérant
que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille
humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la
liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Considérant
que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des
actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement
d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés
de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de
l'homme.
Considérant qu'il est
essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour
que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la
tyrannie et l'oppression.
Il faut faire une place au plus pauvre, les faire
participer à la vie de la société, avec partage de responsabilités. Mettons le
plus pauvre au centre de nos préoccupations et l’orientation de la société sera
différente.
Chacun doit s’impliquer ; nous sommes tous
coresponsables.
Toutes les associations doivent évoluer vers ces
idées … et combattre les lourdeurs en interne pour les intégrer. Il faut faire
les choix qui nous renvoient à notre propre responsabilité.
Rapport du CES de
2003 : « L’accès de tous aux droits de tous par la mobilisation de
tous ». Les lois existent, mais leur application dépend de la volonté et
de la responsabilité de chacun.
Alerte …
Livre des états généraux de
la FNARS : L’exclusion n’est pas une fatalité
La Déclaration de Solidarité
Oui, c’est un chemin vers la paix, la paix sociale
et la paix dans le monde qui demande de
s’engager pour :
Une place pour chacun,
Un refus des écarts excessifs
Un développement durable : retour à une
certaine pauvreté ?
Liberté, égalité, fraternité
Message d’Eugen Brand :
« … Mais, restons
vigilants ! L’actualité nous y oblige : « Les
Droits de l’Homme sont violés ».
Dans tous nos pays, des
personnes, des familles, des communautés sont déplacées, forcées à l’exil, chassées
et privées de tout. Les forts continuent à décider à la place des faibles, sous
prétexte de les protéger. Les sécurités s’accumulent pour les uns, au prix
d’une totale insécurité pour les autres.
Les stratégies
politiques qui visent une réduction du nombre
des pauvres de 10, 30 ou 50% portent le danger
d’une logique redoutable d’écrémage et de résignation. Elles risquent de nous
détourner du but essentiel qui est l’accès de tous, sans exception, aux droits
fondamentaux de tous.
Osons
agir !
Face au changement
climatique, osons agir pour que
l’écologie et le développement durable se pensent avec celles et ceux, qui sont
obligés d’aménager leur vie dans les lieux les plus dégradés, obligés de
s’ingénier à gérer au compte-goutte les ressources communes que sont l’eau,
l’électricité ou le bois.
Face à la globalisation de l’économie, osons agir avec celles et ceux qui sont obligés de réorganiser leurs
journées comme leurs nuits, en permanence, pour affronter des situations de
chômage, de petits boulots ou d’inutilité imposée.
Dans ce monde
passionné de communication, osons faire place à celles
et ceux qui marchent de longues heures pour
prendre nouvelles des autres, remplis de cette certitude que pour sortir de la
misère, il faut communiquer et partager le savoir.
Face aux conflits qui ensanglantent la terre, osons apprendre de celles et ceux qui, violentés par une vie
insupportable, portent en eux une
paix que le monde ne connaît pas, une
paix bâtie à l’épreuve du pardon.
Soyons
convaincus que par ce partenariat
la pensée de notre temps, les données de la vie politique, l'esprit des
institutions et des lois, la vie des confessions religieuses se ressourceront
et se transformeront en profondeur. »
Q/ Faut-il faire une
distinction entre la misère et la pauvreté.
R/ La pauvreté peut être un
choix un chemin. La misère n’est jamais un choix ; c’est un déni de
dignité.
Au niveau politique, les
choix doivent se faire en mettant le miséreux au centre.
Or, le politique réfléchit
sur la pauvreté et non sur la misère.
R/ La pauvreté est un manque
de biens, alors que la misère est un manque de compétences et de compétences
sociales. La société ne sait pas faire pour que les miséreux puissent
revendiquer leur place dans la société.
R/ La misère est un problème
politique. Se rappeler « On ne peut pas accueillir toutes les misères du
monde ». Les immigrés n’ont pas le droit de travailler, ce qui peut les
pousser vers la misère ; On les renvoient menottés si besoin. Au départ,
c’est un problème politique.
R/ d’un ami d’Emmaüs. La
politique peut faire ce qu’elle veut, mais nous, ne soyons pas complices.
R/ C’est un problème
politique fondamental. Qu’est-ce qu’on est par rapport à la forme de
communication ? Les droits de l’Homme sont fait pour abuser les personnes
( ??????).
Q/ Le miséreux a un handicap
supplémentaire ?
R/ Dans le Tiers Monde, il y
a beaucoup de pauvres, mais en général ils ne sont pas miséreux. Dans notre
société, il faut être efficace, sans défaut et rentrer dans des normes, sinon
on est exclu, sur la touche. Il faut alors compenser par un soutien et une
solidarité.
R MF/ Et même une fraternité,
avec un regard de frère, qui va nous enrichir. Il faut faire avec et pas faire pour et il en découle un bénéfice mutuel.
Q/ Il existe un droit au logement,
mais il n’y a pas de logement pour le satisfaire. Pourquoi ?
R MF/ Pourquoi des communes
ne construisent pas de logements sociaux ? Parce que le maire a peur de ne
pas être réélu. On met le doigt sur la responsabilité des citoyens.
L’attribution des logements HLM est très compliquée et pour de petites erreurs
de dossier, des gens plongent.
Q/ Le miséreux qui manque de
compétence, cela serait-il lié à un problème de l’école ?
R/ (de l’Avitarelle) Pour la compétence sociale, l’école n’a
qu’une toute petite part. C’est surtout l’environnement familial qui initie le
comportement social.
Q/ Pourtant quelqu’un qui ne
sait pas lire ni écrire n’est-il pas en situation d’infériorité ?
R/ Oui, mais l’initiation
sociale par la famille est la base de tout.
Q/ On a tout refourgué à
l’Etat, mais l’Etat le fait mal. Quoi faire ? Qu’est-ce que je peux faire
moi ?
R/ Non l’Etat ne fait pas mal
ce qu’on lui a délégué. Il fait selon des règles et il ne peut pas faire
autrement. Par contre, le voisin, le prochain devrait pallier l’Etat durant 3
mois s’il le faut afin que le dossier en instruction soit accepté.
R/ Les resto du cœur
maintenant ne font pas que de l’aide alimentaire. La réflexion va plus loin et
la réalité va vers un vrai accompagnement. Mettre quelqu’un dans un
appartement, s’il ne sait pas assumer, ne sert à rien.Il faut accompagner.
R/ A l’époque, les handicapés
(sociaux, mentaux, physiques) étaient intégrés dans la société. Maintenant,
notre société prend en charge les handicapés physiques et mentaux mais les
intègre difficilement. Par contre les handicapés sociaux ne profitent pas des
mêmes mesures. Pour un autiste, il vaut mieux régresser et finir dans une
institution que progresser et devenir chômeur et finir comme handicapé social !!!
Q/ Pourquoi les miséreux
sont-ils exclus ?
R/ Ca ne date pas
d’aujourd’hui. Il n’y a qu’à lire Zola. Le système économique à besoin de
chômeurs, pour qu’il puisse moins payer les travailleurs. C’est notre société qui
veut cela.
Q/ Il y a 50 ans on acceptait
l’idiot du village, on connaissait toute sa famille ; comment faire
aujourd’hui ?
R/ On est une société de
riches qui crée des misérables et des handicapés sociaux. On devrait baisser
notre niveau de vie.
MF/ Les immigrés sont en
situation d’extrême pauvreté et de fragilité. Il n’y a pas que l’homme seul dans
la rue, mais parfois aussi des familles entières. Ils ne connaissent pas leur
droit ; on ne les écoute pas et on ne les reçoit pas dans les
administrations. A nous de les accompagner. Voir dans le journal Résistance,
des particuliers, des associations qui agissent ; on peut agir.
R/ On manque de logement mais
on ne recense pas les logements vacants. Pourquoi pas alors des squats ?
Etre dehors et dans un état de nécessité, l’Etat est responsable (dictatorial).
Il y a de la corruption dans notre pays.
R/ La pauvreté s’annonce en
chiffre, la misère ne se comptabilise pas. Tous les débordements sont
possibles. Il n’y a que des travaux de proximité qui peuvent soulager la
misère. Il faudrait une éducation citoyenne pour détecter la misère. Les
travailleurs sociaux devraient être mieux aidés par les institutions.
R/ Le plus misérable peut
aussi aider l’autre, question de coopération entre nous.
R/ Il faut tout partager,
même l’argent.
MF/ Réfléchir c’est bien,
mais agir aussi. ATD Quart Monde de Montpellier a essayé de créer un groupe
« partage, réflexion, convivialité, entre aide ». Les membres
essayent de faire ensemble quelque chose pour pouvoir aider les autres.
Q/ Le chômage n’est-il pas à
la base des ennuis ?
R/ Un chercheur d’emploi qui
n’a pas d’adresse, ne trouve pas de travail. C’est un cercle vicieux et on ne
peut plus remonter la pente.
R/ Les couples monoparentaux
sont souvent à la limite de la pauvreté.
Q/ La politique de
l’immigration choisie où on pompe les personnes formées des pays pauvres,
n’appauvrit elle pas le pays d’origine mais aussi nos demandeurs
d’emplois ?
R/ On est des robots
MF/ Sarkozy dit qu’il va
réduire la pauvreté de 30% et qu’il réussira. Avec quelle méthode ? Et les
autres 70% ?
R/ On est au bout des
réglementations, on n’arrive pas à améliorer la situation. Il faudrait peut
être des conseils de quartier ou de village qui s’organisent pour redistribuer
les richesses, parce qu’on se connaît.
R/ C’était notre utopie quand
j’étais jeune ; on rêvait d’autogestion et on prenait comme exemple la
Yougoslavie. Que de déceptions !
R/ (de l’Avitarelle). Il y a
une barrière claire entre un handicapé et nous, mais entre nous et un handicapé
social ?
R/ Il y a 30 ans, ont était
plus solidaires. Maintenant on parle de profiteurs, de fainéants, de tireurs au
flanc. On entend dire, j’y suis arrivé pourquoi pas les autres ?
R/ Il y a 5000 Roms en
extrême pauvreté. Après les avoir renvoyés pour faire du chiffre de retour à la
frontière, ils sont maintenant en règle dans l’espace Schengen. On ne fait rien
pour eux, pas d’eau, pas de poubelles, pas d’école. Ils sont ici car en
Roumanie c’est pire.
R/ La répartition des
richesses doit revenir aux associations. L’aide d’urgence incombe déjà aux
associations. Il y a une criminalisation des personnes sans domicile fixe.
R/ Il faut éduquer les gens
par la solidarité ; mais pas seulement par la solidarité entre riches et
pauvres, mais par la solidarité de tout le monde envers tout le monde. Il faut
une volonté farouche pour reconstruire le lien social.
R/ Il faut une action des
politiques et de l’état, mais aussi une action des individus, se sentir
coresponsable.
MF/ Il faut sortir de l’état
de dépendance et que chacun ait un projet, même si ce n’est pas pour avoir une
maison, une famille. On peut plonger dans la misère pour d’autres raisons que d’un manque d’initiation.
R/ Pour sortir de la misère,
il faut du temps. La notion du temps d’un handicapé social n’est pas la même
que la notre ; il faut donc le partager.
Q/ Comment accepter ces
différences ?
R/ L’incompréhension au
départ est énorme. Il faut d’abord arriver à comprendre.
MF/ Oui, il faut de la
compréhension, du temps, la durée (minimum 3 ans), et en bibliothèque de rue,
il faut rencontrer les personnes tous les 15 jours. Il faut donc tenir. Dans
ces conditions, des liens se créent qui font avancer les choses.
Le 17 octobre nous étions un
petit groupe de Montpelliérains à Paris pour le 20 ème anniversaire du premier
rassemblement du refus de la misère. Nous avons vécu une journée formidable avec
des personnes dans la misère qui étaient heureuses d’être avec des gens comme nous,
en égalité avec eux ; ça leur a donné de la confiance, de la joie dans
l’avenir et à nous de l’énergie. Il y avait des personnes de Pologne, du
Guatemala, du Pérou. Une des personnes a dit : "le monde m'appartient aujourd’hui
! ", lorsqu'elle a pu parler avec des personnes venues de partout. C’est
par de telles rencontres qu’on avance. Nous étions heureux d’être avec eux,
comme eux d’être avec nous.
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Ethernaute : Vos reflexions nous intéressent. Envoyez un courriel à l'adresse suivante : aucafedelavie@free.fr.