Comme
le démontrent les derniers
chiffres connus relatifs aux pratiques culturelles,
l’accès à la culture
demeure très inégal dans notre pays. Or, dans un
contexte d’exclusion, la
culture constitue un moyen essentiel et efficace pour reconstruire une
personnalité et une sociabilité.
Dans
notre ville, Montpellier,
certains quartiers sont plus défavorisés que
d’autres. Et des populations
analphabètes dans leur pays ont les plus grandes
difficultés pour accéder à la
culture.
De nombreuses associations de quartier essaient de travailler en réseaux pour aider les publics en situation d’exclusion. Comment leur permettre un certain partage : garder leur culture et s’approprier la nôtre ?
C’est au partage d’une expérience associative et bénévole que vous êtes conviés. Grâce au débat nous approfondirons ensemble la connaissance de notre société et de ses richesses.
Quand
Lina m’a demandé d’intervenir sur le thème « savoir
et culture » et plus précisément
l’accès à la culture des publics
défavorisés J’ai d’abord pensé aux
plus défavorisés
des défavorisés donc le public
« d’analphabètes » dans leur langue
et
dans notre pays.
Ensuite
j’ai eu tendance à refuser (ce qui aurait été plus sage) car je n’aime pas
parler en public, …
-Cela
me donnait une tâche supplémentaire dans un planning de bénévole déjà bien
chargé
-Et
je ne m’en sentais pas vraiment les capacités …dois-je ajouter à cela que « la
dite » Lina aurait tout aussi bien pu s’en charger Elle était toute aussi
compétente que moi pour aborder le sujet.
Maintenant je suis au pied du mur grâce à sa force de persuasion et sa
modestie, donc je vais essayer de ne pas vous faire perdre votre soirée en vous
faisant part de notre expérience
puisque je l’associerai à mes propos.
J’ai
commencé par me plonger dans les définitions de la culture …et elles sont
nombreuses mais je n’en ai retenu que quelques unes qui nous permettront
d’ouvrir le débat et de cheminer.
D’après
l’Académie Française, « la culture générale c’est l’ensemble des
connaissances générales sur la littérature, l’histoire, la philosophie, les
sciences et les arts que doivent posséder au sortir de l’adolescence tous ceux
qui forment l’élite de la nation».Heureusement que j’ai trouvé un peu plus loin
dans mes recherches que la culture : « …c’est l’ensemble
des données acquises et transmises à l’intérieur d’un groupe social : c’est à dire
les productions manuelles, intellectuelles, artistiques, religieuses de ce
groupe » !
Cette
définition va me permettre d’avancer car notre public bien qu’analphabète n’est
pas sans passé sans tradition …tradition souvent orale certes ! Mais c’est
un public adulte qui n’a eu que la malchance de ne pas pouvoir être scolarisé.
Notre
tache sera double : valoriser leurs acquis et leur permettre d’accéder
à ce qu’on peut appeler notre
culture ! Quelle culture ?…Ne surtout pas entendre que la notre
est mieux que la leur ! Ce n’est pas la philosophie, les sciences, les
productions intellectuelles que nous partageons avec le public que nous
côtoyons mais l’accueil, l’ouverture, les échanges grâce à la confiance, qu’ils
nous font.
Nous
sommes très nombreux sur la ville dans diverses associations à agir en ce sens.
Pour nous tous, avec nos stagiaires, nous faisons de la culture comme Monsieur
Jourdain faisait de la prose … ; « sans le savoir » …et
sans qu’ils ne s’en aperçoivent.
Curieuse
….dans une liste quasiment sans fin de citations je n’en ai sélectionné que quelques
unes. La plus connue est d’Edouard Herriot : « la culture c’est
ce qui demeure dans l’homme quand il a tout oublié »
Goethe,
lui, a écrit « ce que tu as reçu de tes ancêtres acquiers le pour le
posséder » On se rapproche de ce que chacun de nous possède grâce à son
passé.
Mais
ce qui va me permettre d’ouvrir le débat et d’expliquer comment nous procédons est
dit par Baldoon Dhingra dans « l’orient par lui-même »
« Pour comprendre une autre culture il faut se préparer à respecter la
façon de vivre dans laquelle elle trouve son expression, accepter cette
conception de vie comme valable en soi et appropriée aux peuples en questions
» Par quelques anecdotes vous verrez que respecter la culture
des uns …ne pas imposer la sienne mais donner aux stagiaires une approche de
notre culture c'est-à-dire de la culture
du pays dans laquelle ils vivent. C’est quelquefois un exercice périlleux.
L’accès
à la culture demeure très inégal dans notre pays. Dans un contexte d’exclusion la culture est
un moyen efficace pour reconstruire une personnalité et une sociabilité.
Les
personnes en situation d’exclusion ne le sont pas toutes de la même façon. Je
ne parlerai donc que du public que je considère comme le plus défavorisé.
Les
barrières sont outre le langage,…la vie
de famille…de grandes familles… …la toute puissance des Maris…. La puissance
des « on dit »…et parfois le poids du communautarisme et de la
religion.
C’est
en participant à des activités « dites » culturelles et artistiques
que les relations sociales sont renforcées. Ce lien est une passerelle pour ce
que d’aucun appelleront insertion voir intégration (mot que je n’aime guère) et
que j’appellerais « le mieux vivre ensemble. » !!!
La
sortie culturelle (voir le cinéma dans nos groupes), la visite de musée,
l’écoute de concerts dans d’autres…. favorise : le divertissement, l’émotion,
l’appétit de découverte (pas toujours à l’échelle de ce que nous
souhaiterions), l’intégration sociale et familiale, l’autonomisation,
l’affirmation d’un regard critique, le développement personnel et selon les
thèmes abordés l’accès à la citoyenneté.
C’est
l’ouverture vers d’autres cultures, une autre culture… d’autres modes de
pensées. Le mot culture n’a ici pas une dimension artistique.
Les
lieux de culture sont nombreux : les diverses associations, les maisons
pour tous, les maisons de sports, les associations de quartier, les cinémas de
quartier, les médiathèques, l’école des enfants et leurs activités (fêtes
carnaval)…etc…
Toute
action pour être profitable au maximum doit être préparée, expliquée, commentée
et discutée pour arriver à une médiation culturelle. Il faut éveiller la
curiosité, donner envie de sortir, ne pas craindre de s’approprier des lieux
inhabituels.
Quelles activités sont proposées pour œuvrer
en ce sens :
Le cinéma des mamans et
le cinéma des enfants :
Il
a une triple action.
1- Il permet aux parents et enfants de
s’approprier un lieu où ils n’iraient pas seuls.
2- Il favorise la discussion dans les
cours qui suivent et précèdent la projection : échanges, ouverture
d’esprit, meilleure compréhension de la vie en France ou à l’étranger.
3- Il donne un support d’oral différent et
dénoue certains blocages.
Films
projetés pour les mamans (Salle Louis Feuillade)
Zaina
cavalière de l’Atlas (autonomie de la femme)
Allez
Yallah (libération de la femme)
Size
me (diététique)
Rachida (violence et intégrisme)
Un
jour sur terre et la maison jaune en 2008
On pourrait raconter les anecdotes après
« fisch and chips » et Marius et Jeannette. Par exemple, le fait de
voir Marius nu enfilant son pantalon a choqué les mamans à tel point que la
moitié des mamans est sortie de la salle et nous diront qu’elles ne reviendront
plus au cinéma. Dans le film de Fisch and chips, le fait de voir les fesses des
garçons toutes les mamans sont sorties de la salle. Il a fallu un long débat
pour comprendre le pourquoi et permettre le retour des mamans dans la salle du
cinéma. C’est un comportement curieux quand on sait que ces femmes regardent
des films pornos avec leur mari. Il faut donc faire attention au choix des
films.
Films projetés pour
les enfants :
L’âge
de glace 2
Harry
Potter
Charly
et la chocolaterie
Ratatouille
La
route de l’eldorado et Nocturna la nuit
magique en 2008
Pour les hommes
Paris-couleur :
des zoos humains au mythe black blanc beurre. C’est l’histoire des
représentations des clichés et des stéréotypes liés à la présence des migrants
venus de l’empire colonial et de leurs descendants en France
Marseille
73, la ratonnade oubliée, le racisme anti-arabe apparaît, l’engagement des
immigrés dans la défense de leur droit aussi.
Intervention
au Centre pour l’Initiative Citoyenne et l’Accès au Droit des Exclus (CICADE) pour l’accès au
droit, à leurs droits et devoirs.
Il
réactualise, en fonction de l’évolution des lois en France, la connaissance de
la réglementation concernant le séjour en France, le regroupement familial, les
mariages mixtes etc.…
Les
ateliers ont aussi permis une information sur les droits des femmes originaires
du Maghreb. (Mudawana, Codes de
Ces
ateliers ont suscités un vif intérêt et surtout fait mûrir certains qui se sont sentis floués par les propres lois de
leur pays. Les conversations furent riches et tumultueuses ; En conclusion,
cela a surtout permis de comparer les droits et les traditions des deux pays.
Travail avec divers groupes de théâtre/ :Théâtr’elles :
Il
a fallu apprendre à respirer, à parler avec les intonations, à articuler
…élaborer des phrases à partir d’exemples poétiques ou de tournures
particulières. Mieux dominer ses émotions et
être à l’écoute de son corps.
Cette
action a été finalisée par une réception au
Théâtre-Forum:
La
représentation a été préparée avec
un groupe d’hommes (étape 1). Le texte a été
construit par les stagiaires à l’oral, retranscrit par la
formatrice et
l’animateur. Ensuite les stagiaires se sont
réappropriés le texte avec leurs
mots. Ils ont dû apprendre à le lire, puis, le
mémoriser pour une restitution
théâtrale en fin d’année devant l’autre
groupe du soir. Celui-ci est intervenu
à son tour au cours de la soirée pour faire (selon les
principes du
théâtre-Forum) modifier le cours de la
scène prévue et faire évoluer un conflit vers une situation plus calme. Cette
année le thème choisi était la recherche d’un emploi, le travail au noir, et
parallèlement une demande d’augmentation de salaire. Quel travail !!! Ils
sont tour à tour devenus écrivains puis acteurs !
Quant
aux dames elles sont intervenues ; certes pas toutes, dans une scène sur
les peurs avec un groupe de comédiens professi.onnels
Formations dans le cadre
des Ateliers Université du citoyen:
-
Comment
on vote ? Pourquoi on vote ? Pour quelles institutions ? Que
fait chacune d’elle ?
Cela
a permis de travailler la devise
républicaine française « Liberté,
égalité, fraternité », les droits
et devoirs des hommes et …des enfants, les principes de
laïcité !!!
-
Qu’est-ce
que le travail aujourd’hui ? Quelles sont les représentations de
chacun ? Quelle valeur la société donne-t-elle au travail. ? Quels
sont les dispositifs et la législation
qui encadrent le travail ?
Autres
sujets traités : la pub, l’alimentation, l’usage d’Internet par les jeunes
les jeux vidéos, les jeux à la maison (avec Brigitte Hutin de la médiathèque),
les marques, la violence dans les quartiers
Le
bilan a permis de savoir ce qui a ensuite changé dans leurs comportements. Là
encore c’est s’approprier une façon de penser qui n’est pas la même !
Echange convivial des
groupes des Hauts de Massanes avec le groupe du troisième âge :
Ce
fut un moment convivial avec pour prétexte, un loto et le jeu mais plutôt pour que les populations d’un
même lieu apprennent à se connaître, à échanger et à se respecter.
Des
liens se sont tissés et l’aide apportée par les anciens à celles qui lisaient
difficilement les chiffres a fait fondre bien des barrières.
Je
n’en veux pour preuve qu’au loto de début
d’année à Georges Brassens… le
troisième âge a regretté de ne pas y avoir
été
invité ! Cela va vous paraître bizarre
d’intégrer cela sous le vocable
« culture »
mais les traditions les échanges en font partie.
Planning Familial
A
la maison pour tous Georges Brassens le planning est intervenu avec tous les
groupes sur l’intérêt du suivi gynécologique, la notion de risques et la
prévention.
Information
sur les cancers : du sein, de l’utérus et du côlon !
C’est
une sensibilisation aux problèmes de santé, ainsi qu’une présentation des
systèmes d’accueil de santé de la ville. Les femmes étaient très à l’aise
Les vaccins et les MST en 2008
Musée de la faculté de
Médecine.
Cette
visite a beaucoup intéressé les femmes, alors que les jeunes sont toutes
parties avec la nausée de voir tous ces bocaux contenant des horreurs.
Carnaval… et fêtes
Sensibiliser les parents à cette fête pour
qu’ils puissent y être et partager ce moment fort dans le quartier avec leurs
enfants. Des mamans ont même osé se déguiser !...Les fêtes
traditionnelles et participation aux manifestations culturelles de la
ville : le printemps des comédiens, la fête du livre, les fêtes de
quartiers, …certains concerts etc…
Voyage de fin d’année
Il
se déroule toujours en deux temps ….une partie culturelle historique ou géographique
et un moment de partage et d’échanges de pratiques culinaires …. La région nous a offert bien des
sites : Béziers aux écluses de Fonsérannes. Nous avons pu faire un peu
d’histoire et parler de Paul Riquet , un peu de technique en décrivant le
fonctionnement des écluses ( les bateaux montent et descendent de
Au cours de ces visites nous découvrons des
réalités surprenantes. Par exemple au cours de la visite de la savonnerie de
Lodève le directeur explique les bonnes
conditions de travail, les avantages salariaux etc.. . Après l’exposé les
femmes discutent en arabe avec les ouvrières de l’entreprise qui donnent une
version inverse à celle du patron. Au Salagou quel n’a pas été notre étonnement
de voir que toutes les femmes sont allées se baigner, alors qu’elles ne savent
pas nager.
Dans
ces sorties, on constate une même démarche que pour nous européens à ceci près
que c’est tout nouveau pour ces femmes ; ce moment convivial de sorties
reste celui des mamans : le jour où elles ne pensent qu’à elle c’est un
moment privilégié qu’elles peuvent ensuite reproduire avec leurs enfants, leurs
amis, leurs maris.
Part’âge et
métissage :
Gros
travail sur la mémoire de l’immigration pour que les jeunes soient conscients
de ce que fut le passé de leurs parents et grands-parents et qu’ils puissent
les interroger et comparer avec ce qu’ils vivent actuellement.
Construction
pour 2008 d’un travail en partenariat avec Pacim, la CAF, DEFI et l’école des parents (Point info)
Demande d’un groupe pour
utiliser les ordinateurs
…
Les transports à
Montpellier…la TAM :
les tarifs, les contrôles, le fonctionnement, la surveillance des enfants, les
risques du métier, le fonctionnement des tramway !.... etc…
Conclusions.
C’est
en travaillant dans une relation de confiance, que nous faisons émerger les
demandes. Evidemment tout ce que j’ai cité ne se fait pas sur une même année ni
avec un même groupe, nous n’aurions pas suffisamment de temps.
Mais,
tout en essayant de faire progresser l’oral, l’écrit et la lecture nous
permettons à nos stagiaires de se familiariser avec les structures du quartier,
de s’ouvrir à tout ce qui les entoure et
qui ne leur est pas familier.
Nous
établissons un accompagnement pour leur donner une meilleure autonomie…et pour
qu’ils sachent ensuite transmettre en relais ce qu’ils ont appris !
Malheureusement
et cela nous amène à mieux les comprendre on doit lutter contre des phénomènes
d’acculturation inhérents à leur migration. La migration confronte le sujet au
nouveau, à l’inconnu. C’est une expérience proche de
Les
gestes quotidiens, tels que la façon de manger et les automatismes sociaux tels
que les mimiques ou la façon de se saluer
qui constituent l’intimité de l’individu sont bouleversés lors de la
migration
A
nous donc de lutter, par une relation de confiance, par la création de nouveaux
liens, contre ce processus. Il faut donc faire un travail sur la mémoire de
l’immigration et de la colonisation et mettre en contact les jeunes et les
vieux, pour que ces derniers leurs racontent leur histoire. En effet les vieux
disent « nous étions des cafards », alors que vous les jeunes ça vous
semble une immigration de luxe.
Notre
travail permet que le migrant ne se réfugie pas parmi les siens pour éviter à
la formation inéluctable de microsociétés enkystées qui amène à la
déculturation. En effet, les analphabètes hors de leur culture, s’adaptent très
difficilement et se replient. Ils ont de gros problèmes d’insertions. Nos
activités permettent à notre public d’être rassuré et de s’ouvrir sur notre
société sans oublier ni gommer ses propres valeurs mais en les ajoutant aux
nôtres …et nous, nous nous enrichissons à leur contact !
Par
un dernier clin d’œil et, je terminerai ainsi, restons modestes quant à notre
culture puisque Bierce a écrit : « la culture c’est une poussière
tombée d’un livre dans un crâne vide » !
Ces
femmes sont extraordinaires. Elles s’adaptent à plusieurs cultures et
maintiennent l’arabe qui sert de langue commune entre les enfants qui vivent
dans tous les pays du monde. Le plus difficile est l’approche des maris. Lors
d’un pique nique au zoo de Lunaret, un mari est resté planté à l’arrêt du bus
pour contrôler que sa femme était bien allée au zoo.
Certaines
familles ne savent plus ou elles en sont ; elles doivent garder leur
culture et prendre en plus la notre. Il faut leur apprendre au moins à lire un
emploi du temps à double entrée.
X/
L’association a 3 sites d’alphabétisation : La Paillade, le centre ville
et ST Martin. Au centre ville ce n’est pas la même population qu’à la Paillade.
Il y a des femmes qui ne sont pas sortie de leur cuisine depuis des années et
ne parlent pas le français.
R/
Il y a aussi des messieurs qui après 30 ans ici, ne parlent pas le français. Pour
aider les femmes à sortir de chez elles, nous avons demandé à ces femmes de nous
apprendre des choses qui leurs sont propres. Nous avons voulu par exemple faire
un atelier de tissage de tapis. L’expérience n’a pas marché. Par contre ce qui
a marché c’est de nous expliquer leurs fêtes et nous leur avons expliqué les
nôtres.
Pour
acquérir du vocabulaire nous avons à l’aide des journaux publicitaires nommé
les fruits et légumes.
A
l’occasion d’une fête, nous avons demandé aux femmes de confectionner des
gâteaux de leur pays pour 300 personnes. Nous avons été surpris de les voir
travailler qui était tout à fait différent de notre façon de travailler, mais
avec des résultats surprenants. La propreté de la cuisine était repoussante
mais en rien de temps elle est redevenue impeccable.
Les
femmes viennent chez nous pour apprendre à lire et à écrire ; mais elles
apprennent beaucoup d’autres choses.
Une
femme de 65 ans qui ne progressait pas nous a dit : « ne me renvoyez
pas, car depuis que je suis là, je n’ai plus besoin de prendre des
médicaments ».
Q/
Y a-t-il des méthodes d’alphabétisation ?
R/
Chez Sauramps, il y a des méthodes d’alphabétisation pour migrant. A la
Paillade, nous avons produit de nombreux dossiers d’alphabétisation que l’on
peut consulter dans notre bibliothèque.
Q/
Est-il important pour les migrants de savoir écrire ?
R/
Nous, on n’insiste pas tellement auprès des mamans âgées, mais elles ont envie
d’apprendre.
R/
Dans notre centre, nous, on a parlé des rêves des gens. On a parlé de Martin
Luther King et nos élèves ont fait le lien avec Obama. On peut faire beaucoup à
partir d’un texte.
R/
Pour celles et ceux qui cherchent du travail, lire et écrire est nécessaire.
Certaines femmes disent qu’elles ne savent pas lire, alors qu’elles savent lire
mais pas à haute voix.
Q/
Il est difficile pour les femmes Maghrébine de faire garder leurs enfants par
quelqu’un d’autre.
R/
La création d’une nouvelle crèche, pourra peut être permettre à ces femmes de
faire le pas.
Les
cours aident les femmes à se libérer, même si elles n’apprennent pas à lire et
à écrire. Elles sortent de chez elles pour garder de vielles personnes. Elles
gagnent ainsi de l’argent et ont leur mot à dire à la maison.
R/
On ne peut pas faire des jugements généraux (Les Marocains, les Algériens
….) ; Il faut parler des personnes et chaque personne est différente.
Q/
Nous venons de créer une crèche pour les femmes immigrés et vu leur
comportement nous avons peur de pas la remplir.
R/
N’ayez aucun soucis, nous vous enverrons du monde.
T/
A l’occasion d’une rencontre de femmes le Proviseur du Collège leur demande
pourquoi elles ne viennent jamais aux réunions parents-professeurs. La réponse
des femmes : parce que ça nous fait honte ; on nous dit que de
mauvaises choses sur nos enfants. Suite à ce débat, l’entente entre parents et
professeurs allait mieux.
T/
Une Slovaque à une Maghrébine : Qu’est ce que vous faite pour empêcher les
attentats ? Le débat fut vif.
Maintenant elles sont les meilleures amies.
T/
On parle du machisme des Maghrébins, mais on oublie qu’en France, les femmes ne
pouvaient pas voter jusqu’à 1945, elles ne pouvaient pas avoir de chéquier,
elles devaient demander la permission à leur mari pour la majorité des sujets
familiaux …
T/
Il n’y a pas si longtemps que les catholiques faisaient aussi la prière de
3 à 5 fois par jour.
R/
Dans nos cours d’alphabétisation, on ne parle pas des questions religieuses. On
respecte les fêtes musulmanes et par exemple on a commencé les cours qu’après
la fête du Ramadan car on sait que les femmes sont fatiguées par je jeûne.
T/
Dans le monde musulman, il n’y a pas de société laïque. Je ne peux pas faire
abstraction de leur culture religieuse.
T/
Ce qui gênait les femmes musulmanes au cinéma, c’est que la voisine voyait ce
qu’elle voyait.
T/
Oui c’est le syndrome de la cage d’escalier. Un jour une maman est arrivée au
cours, voilé. L’explication me fut donnée par l’influence qui règne dans les
cages d’escaliers.
T/
Je travaille dans une association pour les familles monoparentales. Une maman
me dit : cela fait 8 ans que j’attend un logement et si ça continue je
vais me voiler, comme ça au moins je saurais pourquoi on me discrimine.
Q/
Comment s’appelle votre association et comment elle peut financièrement assurer
toutes les activités dont vous avez parlé ?
R/
Notre association est l’ASTM ? Mais il en existe d’autres qui s’occupent
de l’alphabétisation. Notre association est née de la CIMADE, qui après
l’insertion sociale, a fait du soutien scolaire, de l’alphabétisation et de
l’animation socioculturelle. Notre association a fonctionné par l’octroi de
subventions. Maintenant le financement vient de l’obtention de marchés, ce qui
fragilise l’association. La perte d’un marché nous oblige à licencier les
employés en CDD. Par exemple il y a un appel d’offre concernant un contrat
d’accueil et d’intégration pour les nouveaux arrivants. C’est un marché auquel
nous devons soumissionner si nous voulons avoir des crédits. Si on le gagne, on
a le marché et le financement pour 2-3 ans. Ensuite il faut refaire un
dossier sans être sûr d’avoir le marché.
Le système des marchés est une catastrophe pour la pérennisation des emplois.
Autrefois avec le système des subventions nous avions 25 salariés. Maintenant
avec le système des marchés, nous avons 5 salariés et 26 bénévoles.
Heureusement, les locaux sont prêtés par la mairie et la CAF et nous avons une
bibliothèque qui a 42 ans avec de
nombreux documents sur les techniques de l’alphabétisation. Pour les sorties de
fin d’année, la CAF offre le bus mais qui ne peut dépasser les 50 Km autour de
la ville. Le cinéma est gratuit ; il est payé par la municipalité.
La
formation est assurée par des étudiants bénévoles qui sont supers, mais ils ne
restent que 1 ans. C’est un gros travail de formation peu rentable pour
l’association. Nous avons aussi des bénévoles âgés qui restent plus longtemps.
Ce qui est étonnant c’est l’utilisation d’Internet pour l’alphabétisation et
que les mamans se mettent à utiliser le web et la webcam pour communiquer avec
leur pays d’origine.
L’association
dans ces débuts avait de nombreux membres. A l’heure actuelle nous avons
environ 40 membres.
Q/
Vu que l’alphabétisation et les activités s’adressent principalement à des femmes,
il semblerait qu’il faille parler de formatrices et non de formateurs ?
R/
Oui nous avons surtout des formatrices mais les formateurs seraient les biens
venus.